Je ne pense pas qu'Albert de Hautecourt pense à autre chose que son argent.
Non, il y a sûrement une autre raison...
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Laurée continua tranquillement son chemin vers la forêt tout en jettant de temps à autre un coup d'oeil à son butin d'un oeil amusé. Malgré son allure et ses agissements parfois dénudés de bon sens et de savoir-vivre, elle respectait une ligne de conduite, la sienne, la seule valable. Dans le cas présent, elle avait dû dérober son bien à un homme de bien peu de moyens qui travaillait fort pour faire vivre sa famille, elle en était consciente... mais le désir de nuire à ce satané Albert de Hautecourt s'imposait d'avantage dans sa logique d'esprit. Elle haïssait cet homme jusqu'au plus profond de son âme. L'acte qu'elle venait de commenttre lui apportait donc une nette satisfaction.
Perdue dans ses pensées, elle laissa ses pas la guider dans la forêt, s'éloignant peu à peu du petit sentier escarpé et peu fréquenté qu'elle utilisait parfois pour regagner son repaire plus rapidement. Le soleil commençait était déjà haut dans le ciel, Laurée devait donc faire vite si elle voulait repérer l'endroit où elle voulait cacher son bien avant que les rayons du soleil ait dépassé midi, car le repère qu'elle avait choisi devenait complètement invisible à qui tentait de le retrouver si il n'était pas illuminé par les rayons du midi. Rapidement, elle contourna les quatres rochers et en escalada un cinquième pour se faufiller derrière ce dernier, qui camoufflait une ouverture dans le mur de pierre. Elle attendit près d'une heure encore que le soleil ne brille à l'intérieur de la grotte et ne révèle son secret.
Sa mission accomplie, elle retourna vite fait en ville, tout en prennant soin d'emprunter un chemin différent pour le retour. Elle détestait se mêler à la foule grouillante de la ville, mais tenait à y rester pour voir ce qu'allait faire Albert de Hautecourt maintenant. Lorsqu'elle atteignit le village, la nuit tombait. Elle se dirrigea dans une auberge avec l'intention d'y passer la nuit... mais quelle ne fut pas sa surprise en apperçevant sa propre figure épinglée sur la porte d'entrée et sur plusieurs murs de l'établissement. Encore une fois, sa tête avait été mise à prix. Elle ne fut nullement surprise de constater qu'Albert de Hautecourt proposait à qui lui ramènerait la jeune femme une récompense considérable. Mine de rien, elle se dirrigea vers le comptoir et se commanda de quoi boire avec un repas chaud.
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Horizona avait écouté, un peu distraitement, la conversation entre Celebrian et Kevin… Elle réfléchissait intensément… tentant de trouver une logique à toute cette histoire…
- Un éleveur de poules? Mais bon sang! Il y avait là pour au moins mille exos de collier de perles! Cela doit faire environ vingt-cinq colliers… Qu’es-ce qu’un éleveur de poules peut-il avoir à faire, de si pressant, avec vingt-cinq colliers de perles… Les offrir à ses poules??
Hum… je ne sais pas pour vous… mais moi je trouve cette histoire bien curieuse… Je vais proposer mon aide au menuisier…
Elle se dirigea vers le kiosque du menuisier avec qui elle discuta un peu et qui lui fit un sourire reconnaissant…. Elle revint ensuite en direction du petit groupe de curieux qui n’était pas encore dispersé…
- J’ai offert au menuisier de tenter de mener mon enquête pour essayer de trouver où sont passés ses colliers… Je ne crois pas être particulièrement un bon détective… mais au moins j’aurai tenté d’apporter mon aide… S’il y a des volontaires qui veulent se joindre à moi… nous pourrions nous installer pour la nuit à l’auberge u peu plus loin… La nuit commence déjà à tomber…
Elle jeta un regard interrogateurs aux gens qui l’avaient écoutée…
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Kevin321 réfléchit rapidement...
Je serai fort heureux de vous aider, dit-il. Une petite chose à faire, et je viendrai passer la nuit à l'auberge.
A tout à l'heure ! ajouta-t-il en partant soigner son faucon.
Dernière modification par Kevin321 (2005-12-11 10:19:05)
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L'endroit était encore très calme car la soirée commençait à peine. Laurée se dirrigeait tout droit vers l'aubergiste comme si de rien n'était. Elle avait apris depuis bien longtemps que le meilleur moyen de passer inapercu était d'éviter de se cacher, car tenter de se camoufler attirait toujours l'attention des curieux. Elle s'arrêta devant l'aubergiste en le regardant droit dans les yeux. Il sourcilla légèrement en la regardant, mais ne sembla pas la reconnaître.
-Une chambre.
Laurée ne parlait jamais vraiment beaucoup. L'aubergiste resta silencieux pendant un moment avant de se rendre compte qu'elle ne dirait rien d'autre.
-Heu... oui, ça fait 25 exos par nuit. C'est payable à l'avance mam'zelle!
Laurée fouilla dans plusieurs poches de son manteau avant d'en ressortir la somme demandée. Pendant un moment elle avant songé à ne pas payer l'homme, mais rien ne servait d'alarmer l'aubergiste pour le moment. Elle lui tendit précipitemment la poignée d'exos.
-Merci bien mam'zelle!
Sur quoi Laurée prit place au comptoir pour attaquer avec délice sa bière et son rôti de sanglié. Cela la changeait agréablement de la maigre viande de gibier de laquelle elle devait se contenter d'ordinaire. L'aubergiste s'affairait derrière son comptoir tout en jetant en alternance des coup d'oeils furtifs sur les affiches placardées partout et sur Laurée.
-Avez-vous eu vent de ce qui s'est passé ce matin au marché mam'zelle? Toute une cargaison de perles qui ont été dérobées! Toute une oui...
-Je sais.
-Monsieur de Hautecourt était vraiment très furieux, ça oui. 5000 exos qu'il offre à celui qui lui ramènera la coupable vivante! Encore que je ne comprenne pas bien la raison pour laquelle il offre une telle récompense alors qu'il n'ait pas souffert de ce vol, car après tout c'est le menuisier qui a subi cette perte monétaire, Mr de Hautecour n'a pas perdu un exos dans cette affaire. Encore qu'il offre une récompense démesurée à mon avis vu la situation.
-Hum hum... Comme Laurée aurait apprécié le silence à cet instant... Cet homme lui gâchait complètement son repas! L'aubergiste ne se laissait cependant pas de parler, essayant d'amener subtilement et avec tact la conversation sur un terrain glissant.
-Personne ne sait qui est l'auteur de ce vol, mais Mr de Hautecour semble avoir une idée bien arrêtée là-dessus. Voyez les affiches qu'il a placardé partout!
-J'ai vu en entrant.
L'aubergiste prit une grande inspiration avant de s'attaquer au vif du sujet et de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Il parla ensuite avec désinvolture.
-Je trouve qu'il y a une ressemblance marquante entre cette affiche et les traits de votre visage...
-oui, je reconnais qu'il y a une certaine ressemblance.
Quoi dire d'autre? Laurée soupira en se disant qu'elle devrait quitter l'endroit avant le lendemain... et dire qu'elle venait à peine de payer cet homme...
-En fait, c'est à s'y tromper m'zelle. Prenez donc garde à ce qu'on ne se méprenne pas sur votre identité....
Laurée s'apprêtait à avaler une bouchée énorme de son rôti mais s'arrêta net en entendent ces mots. L'aubergiste la regardait intensément et un faible sourire se dessinait sur ses lèvres. L'aubergiste insinuait-il qu'il l'avait reconnu mais ne la dénoncerait pas? Elle s'étonna encore une fois de cette aptitude des aubergistes a faire parti de tant de secrèts et à taire tant de complots et d'événements inusités... Laurée ne répondit pas à l'homme et se contenta d'avaler sa bouchée, toujours en suspend dans les airs. Mais pour l'homme qui se tenait devait elle, cela valait plus que n'importe quelle réponse.
Dehors il faisait maintenant complètement nuit et les gens se pressaient de plus en plus à l'intérieur. Une atmosphère de fête s'était installé dans la minuscule auberge et les gens continuaient d'entrer.
Dernière modification par Laurée (2005-12-08 02:40:48)
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La nuit tomba. Celebrian ouvra la porte grinçante de l'auberge. Elle entra. Elle alla s'intaller tout au fond, près du feu. Elle jeta un regard en passant sur une étrange dame. Elle s'assit, attendant ses amis.
- Bonsoir ! dit l'aubergiste
- Oui, bonsoir , répondit-elle
- Voulez vous quelque chose ?
- Non, j'attend mes amis.
- Si vous avez besoin de quelque chose...
- Je vous appelerai.
Elle coupa net l'aubergiste, qui s'en alla voir les gens qui entraient. Elle garda les yeux fixés sur la porte, avec un air ténèbreux.
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Après avoir soigné et nourri son faucon pour plusieurs jours (il avait enfin vendu ses bières), Kevin321 entra.
Il se dirigea vers l'aubergiste et demanda une chambre.
- Ca fera 25 exos, dit ce dernier d'une voix enjoué.
Kevin321 regarda l'auberge. En voyant le nombre de personnes assisses et attendant leur repas, il comprit pourquoi l'aubergiste était si enjoué. Il paya les 25 exos.
- Quand serviras-tu le repas ? demanda-t-il.
- Bientôt !
L'aubergiste dit quelques banalités à Joron puis il baissa la voix, obligeant Kevin321 à se pencher pour toujours l'entendre.
- Vous voyez la dmoi'zelle là-bas ? Et bien, regardez-la puis observez les affiches, colées un peu partout dans mon auberge...
Kevin321 fit ce que l'aubergiste lui avait dit...
- Troublant, n'est-ce pas ?
Le temps de regarder encore une fois la jeune "dmoi'zelle", l'aubergiste était retourné à ses fourneaux...
Mais pourquoi voulait-il attirer son attention sur cette jeune femme ?
Mettant de côté ses interrogations, il s'assit à une table de taille moyenne et attendit qu'on serve le repas...
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Elle aperçut son ami Kevin321 entrer et s'asseoir à une table. Elle sortit de son coin d'ombre et s'assit sur la table de son pote.
Puis je me joindre à toi ? demanda-t-elle.
En attendant sa réponse, elle regardait la mystérieuse dame et les affiches, trouvant une certaine ressemblance.... Elle jeta un regard noir à cette dame qui l'observait.
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Dehors il faisait maintenant complètement nuit et les gens se pressaient de plus en plus à l'intérieur. Une atmosphère de fête s'était installé dans la minuscule auberge et les gens continuaient d'entrer. Laurée venait d'engouffrer avec délice la dernière bouchée de son repas et but d'un trait sa bière avant d'en commander une deuxième. En se retournant pour crier sa commande à l'obergiste, elle remarqua qu'il discutait, visiblement à voix basse puisqu'il était penchée très près de l'oreille d'un homme et.... ce satané aubergiste pointait son index dans sa direction!
-Arf! J'aurais bien du m'en douter pourtant! Pensa Laurée en se mordant la langue. Vivement que je monte à ma chambre avant que cet homme stupide ne veuille m'exiber à pratiquement tout le monde...
Laurée observa un instant l'homme avec qui le barman discutait plus tôt. Une dame rejognit l'homme en question. Leur regard se croisèrent et elle vit que cette dernière la dévisageait d'un oeil noir. Laurée ne s'en formalisa pourtant pas. Si la dame avait quelque chose contre elle, elle le saurait bien assez tôt.
L'aubergiste continuait d'accueillir les nouveaux arrivants et ne sembla pas alerter les nouveaux venus de la présence de Lauée entre ses murs.
-Mais pourquoi diable avoir averti cet homme-là précisément et pas les autres? Y a-t-il vraiment une raison au moins?
Laurée se sentait coincée... elle devait faire bien attention à ses agissements pour qu'aucun soupçon ne pèse sur elle. Résignée à abandonner l'idée d'une seconde bière, la jeune femme quitta son tabouret pour se dirriger vers sa chambre, mais sitôt qu'elle eut posé le pied par-terre, un bonhomme manifestement ivrogne lui saisit solidement le bras et la tira vers lui. Laurée tenta timidement de repousser les bras insistants de l'homme qui marmonait des paroles inaudibles et dont l'haleine fétide arrachait un haut-le-coeur à quiconque passait à un mètre à la ronde. Elle était incapable de se défaire de son étreinte.
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En attendant le repas, Celebrian descendait de sa table. Elle dit à l'aubergiste :
- C'est combien, pour la nuit ?
- 25 exos
- Attendez....
Elle se mit à fouiller se poches et rassembla les 25 exos. l'aubergiste lui donna la clé de sa chambre. Elle monta à l'étage, où étaient les chambres, et surprit un homme complètement bourré qui tenait la mystérieuse dame. Elle mit à terre l'homme et le fit lacher la jeune femme, bien qu'elle eut l'impression de faire quelque chose de mal.
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Laurée se sentait humiliée de n'avoir pu échaper à un vulgaire ivrogne! Aussi, pour se venger, elle réussit facilement à subtiliser une bourse dans laquelle résonnait quelques exos à son assaillant durant le cafouilli. Elle jeta un bref coup d'oeil à la personne qui venait de l'aider à se libérer et, fidèle à elle-même, ne dit rien. Elle se contenta de hocher la tête de façon quasi imperceptible en guise de remerciement. Sans plus attendre, Laurée se dirigea vers sa chambre et ferma la porte à clé avant d'ouvrir la bourse qui contenait son nouveau trophé de chasse.
-purée de céléris! à peine 5 exos! Cet abruti a tout dépensé au bar!
Résignée, elle mit la petite poignée d'exos dans une des nombreuses poches de son manteau, puis brûla la bourse de l'homme dans un geste machinal. Laurée entretenait une tendance pyomane. En effet, elle adorait voir les flâmmes se frayer un chemain à travers le tissus et laisser une trace noire derrière elles tout en continuant leur travail destructeur. Cette attirance pour le feu datait d'il y a longtemps déjà et la jeune femme avait déjà incendié tout un village lors de ses 12 ans. Peu après, Laurée s'endormi profondément pour ne se réveiller qu'à l'aube le lendemain matin.
Elle ouvrit péniblement les yeux lorsque les rayons du soleil parcoururent son visage au levé de l'astre. La jeune femme s'étira longuement avant de songer à poser un pied hors du lit, encore à moitié someillante. Cependant, elle se réveilla pour de bon bien vite en entendant des voix colériques en bas.
Elle se dirrigea furtivement vers la source de tout ce bruit et surprit une conversation pas très civilisée entre l'aubergiste rouge comme une tomate colérique et de nul autre que Albert de Hautecourt réclamant à corps et à cris qu'on lui remette la criminelle qui lui avait dérobé son bien.
-Mais puisque j'vous dit que j'ai aucune information à vous apporter, M'sieur de Hautecourt!
-Balivernes! Une source m'a rapporté avoir vu cette impertinente vous louer une chambre pas plus tard que hier soir!
-Pff! Jamais entendu parler! J'suis pas aveugle, avec tant d'affiches collées sur mes murs, j'aurais reconnu cette personne immédiatement, pour sur que je l'aurais reconnu!
-Evidemment... Bien-sûr, vos paroles n'ont guerre plus de valeur à mes yeux que celles d'un aveugles ventant la beauté de l'arc-en-ciel! Je connais bien vos manières peu orthodoxes, Aubergiste, et vous vous repentirez un jour d'avoir offert le couvert et le gîte à tant de mauvaises âmes! Et peut-être pourais-je aider les autorités à éclaircir certains des mystères qui hantent les planches de cettes auberge...
-Je ne vous permettrai pas de juger la manière dont je gère mon établissement Monsieur! Et je vous estime très mal placé pour juger de la bonté de mes clients! Bien des choses je connais sur vous moi également!
Et cela continua encore près de 10 minutes. Lasse de cette discussion, Laurée décida d'aller prendre l'air dehors un peu. Elle marcha nonchalament vers les deux hommes qui gesticulaient toujours en vociférant et passa son chemin sans qu'on la remarque.
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Si sortir de l'auberge avait été un jeu d'enfant, se frayer un chemain dans la rue s'avéra néanmoins un exploi plus ardu. En effet, dans sa colère, Albert de Hautecour s'entourait de plusieurs gardes appartenant à son escorte personnelle.
«Un vulgère éleveur de poules entouré de gardes armés jusqu'aux dents... soit cet homme a vraiment très peur de moi, soit il met vraiment tout en oeuvre pour retrouver ses maudites perles!» Pensa-Laurée.
La jeune femme tentait de se frayer un chemain dans la foule d'un air nonchalant, mais un problème non négligeable se posait à elle: tous ces satanés gardes venaient du Nord, de là précisément ou elle venait de s'échapper avant d'arriver dans cette ville, ce qui faisait que tous connaissaient fort bien les traits de son visage. Aucun moyen de les tromper donc... il lui faudrait se cacher pour échapper à tout ce beau monde. Plus elle avançait, plus Laurée apperçevait de gardes armés d'affiches et interrogeant la population. L'anxiété commençait à gagner la jeune femme qui sentait de plus en plus l'étau se resserrer sur elle. Elle aurait voulu courir, mais cela aurait trahi sa présence. Elle maîtrisait sa hâte en se répétant que la forêt se rapprochait à chaque pas et que, de la même façon, gardes et villageois s'éloignaient progressivement.
Pourtant, ce qu'elle redoutait se produisit. Une vieille dame poussa un cris de mort en échappant tous les pains qu'elle venait d'acheter et pointa un index accusateur vers Laurée. Il fallu trois secondes à peine pour que trois gardes se retournent vers elle, deux secondes pour qu'ils la reconnaissent et une fraction de seconde avant qu'ils ne la poursuivent. Mais les choses étant ce qu'elles sont, les villageois se montrèrent très solidaires à Mr de Hautecourt se firent un devoir de barrer la route à la jeune femme. Et avant même qu'elle n'ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, Laurée était debout sur la place publique, les mains liées derrière le dos à attendre que Albert de Hautecourt ne vienne chercher sa proie.
Lorsqu'il arriva enfin, l'Aubergiste sur les talons, il afficha un sourire narquois à l'égard de la jeune femme.
-Ainsi, petite sotte que tu es, tu as cru pouvoir échapper à mes troupes! Et bien! J'espère hardement que cela représente un échec cuisant pour toi, LAURELIANNE!
Son nom, il l'avait littéralement hurlé, comme si le simple fait qu'on connaisse sa véritable identité allait la rendre plus hideuse encore. Laurée, plus maitresse d'elle-même que ne pouvait l'être cet homme hostile répliqua sèchement.
-Mon nom est Laurée, pas Laurelianne. Laurelianne est morte depuis bien longtemps maintenant.
-Épargme-moi ces sottises maintenant! Peu importe le nom que tu te donnes, je sais très bien qui tu es. Maintenant, rends-moi mes perles!
-Non.
Un murmur sourd se fit entendre dans la foule.
Albert, qui sentait la colère monter en lui, commençait à perdre le contrôle de ses émotions. Même les gens les plus reculés dans la foule voyaient le visage de l'homme passer au rouge cramoisi.
-Non? Non! Tu es encerclée, attachée, menaçée et tu oses encore faire preuve d'impertinence? Bien! alors tu mourras!
-Si vous me tuez, jamais vous ne reverrez vos perles, répondit Laurée le plus calmement du monde, un sourire vengeur collé au visage.
-Ces perles ne m'ont rien couté du tout! Je m'en ferai préparer d'autres, voilà-tout!
-Mais j'ai ouï-dire que cela vous était impossible... cette nouvelle commande ne serait jamais prête à temps... le sourire de la jeune femme s'élargissait subtilement.
L'homme était maintenant hors de lui et dans un mouvement de colère, il sorti son épée et la brandit en direction de la tête de Laurée, qui ne broncha pas, bien qu'une lueur de panique passa dans ses yeux un bref instant. L'arme fut stoppée dans son élan lorsqu'une voix forte se fit entendre
-STOP!!!!!
Il s'agissait du maire de la ville.
-Je ne permettrai jamais un tel bain de sang en ces lieux et ce malgré votre haut rang Monsieur de Hautecourt! Un jugement devra être rendu.
il se tourna vers la foule.
-Maintenant, que tous ceux qui ont eu un contact de près ou de loin avec cette personne se rendent à la Grande Salle. Des questions vous seront posées. N'ayez crainte, aucune représaille ne vous sera faite. L'audience est ouverte à tous.
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Celebrian avait suivi toute la scène et se dit que M. de Hautecourt devait être un puissant et riche seigneur. Elle s'approcha, bousculant au passage quelque paysans qui voulaient la mort de Laurée.
Je ne vois pas pourquoi vous voulez la condamner. C'est une femme comme les autres. Elle a failli se faire tuer à cause de votre manque de gardes, aubergiste. Je suis contre sa mise à mort.
De nouveau murmure se firent entendre dans la foule. M. de Hautecourt s'approcha d'elle.
_ Qui êtes vous, petite insolente ?
_ Moi ? Personne, juste votre futur pire cauchemar si vous vous attaquez à mademoiselle.
Albert de Hautecourt s'apprêtait à la frapper, lorsque celle-ci évite avec agilité ce coup mais ne lui rendit pas.
_ Vous avez de la chance, mademoiselle. Si il n'y avait pas tant de foule, vous vous seriez faite torturer.
_ Ah oui ? Je voudrais bien voir ça !
Celebrian était elle même une voleuse, et un sourire de mailce se lut sur ses lèvres. M. de Hautecourt paraissait troublé par ce sourire et recula d'un pas.
_ Vous mériteriez de ne plus vivre, ma chère.
Celebrian regarda alors dans les yeux de Hautecourt.
_ Vous n'êtes qu'une....
Celebrian leva la main et Hautecourt se tut, resta immobile et fut comme pétrifié. Des murmures s'élevèrent de la foule et Celebrian cria :
_ ALLEZ VOUS EN !
Les gens, affolés, crièrent et coururent rentrer chez eux. Celebrian resta seule avec Laurée, puis lui tourna le dos. Elle marchait lentement pour retourner à l'auberge.
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Dans la foule se tenait un homme d'âge mûr avec, juché sur l'épaule, un bébé faucon, qui visiblement n'appréciait pas beaucoup la proximité de la foule. Vêtu simplement, il portait de longs cheveux gris retenus en catogan, une fine moustache et un barbiche grises également. Un chapeau noir à large bord dissimulait partiellement son visage à la vue d'un observateur éloigné, mais de plus près on pouvait voir que ses lèvres esquissait un sourire complice. De temps en temps, son faucon s'agitait sur son épaule, et pour le calmer, l'homme lui donnait à manger de petits morceux de gibier qu'il tirait d'une besace pendue à son côté.
La veille, alors que, comme à son habitude après une journée passée à respirer la poussière de sa carrière, il raffraichissait sa gorge brûlante en savourant une bonne bière, il s'était étonné d'avoir vu des affiches d'offre de récompense placardées jusque sur la porte de l'auberge. Un des ses amis lui avait alors relaté les évènements qui s'étaient déroulés au marché ainsi que l'altercation qui avait suivi.
".... T'aurais du la voir la fille, Laurée qu'elle a dit qu'elle s'appellait, un joli brin d'fille au demeurant. T'aurais du la voir rabattre son caquet à ce prétentieux de de Hautecour. Rouge comme une pivoine qu'il était ! Ah, t'aurais du voir ça ! ...."
Un peu plus tard dans la soirée, ses amis étaient partis, il avait eu l'occasion de voir la "fille" en question entrer nonchalament dans l'auberge et prendre son repas comme si de rien n'était. Il en conçut immédiatement pour elle en profond respect, teinté d'une pointe d'admiration pour tant de courage et d'aplomb. En outre, sa curiosité avait été éveillée par le curieux pendentif que la demoiselle portait sur la poitrine, ce qui n'empêcha pas qu'il constatât que son ami avait eu raison en parlant d'un "joli brin d'fille".
Voyant la tournure que prenaient les évènements, la belle ayant visiblement trouvé des défenseurs parmi la foule, il pouvait se permettre ce léger sourire. De plus, les perles volées n'ayant pas été retrouvées, de Hautecour ne possédait pas la moindre preuve contre la jeune fille.
Une fois de plus, l'oiseau donna des signes d'énervement et il dut de nouveau le calmer avec un peu de nouriture.
- Vois-tu Leto, je pense que cette Laurée va s'en sortir une fois de plus, car j'ai bien l'impression que ce n'est pas la première fois quelle doit faire face à ce genre de situation. Mais tu en assez de toute cette agitation, n'est-ce-pas ? D'accord, nous partons.
Avant de partir, il scruta un instant la foule avant de repérer la femme qui avait dénoncé Laurée. Il s'approcha d'elle pour lui demander....
- Pardon ma bonne dame, c'est bien vous qui avez reconnu la femme sur l'affiche.
- Oui, c'est moi, mais je n'ai fait que mon devoir, si c'était à refaire je le referrai, pass'que croyez moi, les voyous de cette engance y faut les arreter une bonne fois pour toute, hein, pass'que après, hein, ils recommencent toujours tôt ou tard leur filouteries, hein, et pis qui c'est qu'est toujours lésé, c'est le petit peuple et ...
- J'en conviens madame, j'en conviens tout à fait.
La vieille paraissait capable de débiter cette logorhée pendant des heures
- Je voulais juste vous demander dans quelle direction la bougresse se dirigeait lorsque vous l'avez reconnue.
- Par là.
dit la vieille en désignant le chemin menant à la forêt, elle semblait légèrement vexée.
- Merci bien madame. bien le bonjour à vous.
Puis il s'en fut dans la direction qu'elle avait indiquée. Une fois arrivé à l'orée des bois, il se mit en devoir de parcourir tous les sentiers fraichement employés, à la recherche d'une éventuelle cachette. Il passa une bonne partie de la matinée à parcourir la forêt, et c'est presque par hasard qu'il découvrit ce qu'il cherchait. Au detour d'un chemin, à proximité d'un amoncèlement de rocher, Leto crut bon de prendre son envol, mais, en voltigeur débutant qu'il était, s'était pris la patte dans un enchevêtrement de branchages. L'homme grimpa donc pour libérer son cher volatile et , du haut de ce perchoir improvisé, il put apercevoir une anfractuosité entre deux rocher, tout à fait propice à la dissimulation d'un butin.
Une fois redescendu de son arbre, il alla inspecter la cachette et c'est ainsi qu'il trouva les perles. C'était maintenant un large sourire qui barrait son visage, mais personne ne pouvait le voir. Il compta soigneusement le nombre de colliers, parut satisfait du résultat, en fourra un dans une de ses poche et remit les autres dans leurs cachette.
Puis s'adressant à son faucon ...
- Tu peux t'envoler à présent Leto. Surveille le chemin et préviens moi d'un cri si quelqu'un vient. Pour ma part, je vais attendre la demoiselle qui ne manquera pas de venir récupérer ces bijoux.
Cette fois, l'oiseau s'envola sans encombre. Le vieil homme quant à lui, trouva bientôt une cachette où il pût attendre le temps nécessaire ...
Dernière modification par satrape (2006-03-22 15:07:38)
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Aussi étrangement qu'elle s'était fait piégée, Laurée se retrouvait maintenant libre comme l'air. Après l'intervention de celle que certains avaient nommé Celebrian, toute la foule s'était dispersée et personne ne s'était présenté à la Grande Salle comme convenu, hormis le menuisier qui s'avouait incapable d'identifier la jeune femme. Le maire, à la fois perplexe et dérouté par la situation, se vit dans l'obligation de délier les poignets de Laurée sans plus de cérémonie. Cette dernière frictionna ses articulations endolories par les nœuds sérés. Elle sentait le sang revenir progressivement jusqu'au bout de ses doigts qui provoquait des picotements intenses. Alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, la voix du maire se fit entendre haut et fort derrière elle. Elle eut la finesse de s'arrêter pour écouter, mais ne se retourna pas.
-Jamais auparavant je n'ai vu une telle situation se produire. Bien que je vous laisse partir, sachez tout de même que je doute toutefois de votre innocence. Sachez qu'aucun écart de conduite ne sera toléré.
-Noté.
Fidèle à son habitude, Laurée n'ajouta pas un mot de plus. À quoi bon faire tant de cérémonie de toute façon? Elle sortit dehors en pensant que la situation revenait au beau fixe, mais alors que ses yeux habitués à la salle sombre s'accoutumaient à nouveau à l'éclatante lumière du jour, elle s'aperçut que le regard des autres pesait sur elle. Plus que n'importe quoi d'autre, elle préférait passer inaperçue. Hors, après l'agitation dont elle venait de faire l'objet, tous posaient sur elle un regard haineux, interrogateur, méfiant ou malheureux. Dans son dos, on murmurait que son visage trahissait la culpabilité. Une femme se précipita même au devant de Laurée pour récupérer ses deux enfants qui jouaient dans la rue. Laurée aurait eu envie de courir vers la femme en criant, seulement pour le plaisir de voir les yeux surpris et effrayés de la femme, mais n'en fit rien. Non pas parce que le maire venait de lui lancer un ultimatum, mais parce que ces enfants ne méritaient pas une telle frousse.
Pour Laurée, il était hors de question de retourner à l'auberge. De toute façon, Albert de Hautecour était parti précipitamment, ramassant avec lui toute sa garde. Alors elle emprunta le même chemin qu'au petit matin pour retrouver la sécurité de son antre. Elle retrouva avec un soupir de soulagement la sécurité des bois qui la camouflaient des regards désapprobateurs. Laurée marchait d'un pas léger qu'elle savait garder feutré tout en humant l'air chargé d'odeurs du sous-bois.
Mais voilà, Albert de Hautecour n'avait pas rapatrié avec lui toute sa garde personnelle. Deux gaillards vilainement costauds projetaient de lui tendre une embuscade un peu plus loin dans les bois. Comme ils s’attendaient à ce que la femme ne sois pas assez sotte pour emprunter le même chemin qu’au matin, ils se postaient dans un sentier non loin. Habituée qu’elle était d’avoir passé pratiquement toute sa vie dans les bois, Laurée les localisa facilement lorsque ces derniers tentèrent de la rejoindre discrètement. C’est armée d’une simple branche en guise de massue qu’elle les attendait de pied ferme, bien en vue dans le sentier. La manœuvre eut le mérite de surprendre ses assaillants, qui s’immobilisèrent non loin d’elle, figés malgré leurs épées, leurs armures et leurs couteaux devant cette femme au visage sombre armée d’une branche.
Profitant de l’élément de surprise qu’elle venait de créer, elle jeta sur le géant le plus près sa grosse branche. L’homme esquiva facilement le coup, mais son compagnon derrière reçut l’étrange projectile de plein fouet. Sans attendre, l’homme toujours debout tira son épée, mais Laurée, plus rapide, tenait déjà en main une lanière de cuir mince et longue avec un renflement en son milieu : une fronde. Cet objet lui servait à lancer des pierres de la taille d’un cailloux capable de tenir dans la paume d’une main. Son assaillant brandit son épée sur la femme, mais cette dernière s’esquiva juste à temps, ne récoltant au passage qu’une égratignure près de l’œil qui laissait jaillir un léger filet de sang. Le temps que le mercenaire revienne à la charge, Laurée tenait en main la pierre qu’elle venait de ramasser par terre et dans un mouvement vif et sec du poignet, fit tourner la lanière qui enfonça le cailloux entre les yeux de l’homme, qui s’écroula. Le calme de la forêt un instant plus tôt troublé par la lutte farouche revenait aussi rapidement qu’il avait été rompu. Seul le cris d’un faucon brisait le silence pesant.
Laurée resta pantoise quelques instant. Quoiqu’elle n’était pas étrangère à cette expérience, elle ne se remettait jamais complètement d’avoir induit la mort. Machinalement, elle porta la main à son pendentif. À présent, un visage de plus resterait gravé dans son esprit et hanterais ses rêves. Lentement, elle détourna son attention vers celui qu’elle avait solidement assommé quelques instants plus tôt. Il vivait toujours. Il ne vint même pas à la jeune femme l’idée d’achever l’homme. Son code de conduite était clair là-dessus : on ne massacre pas un homme à terre. Elle se contenta de fuir le plus rapidement possible, accompagnée par les cris incessants d’un oiseau de proie.
Lorsque le soleil se trouva au zénith, Laurée arriva enfin à destination. Elle figea sur place. Quelques traces de pas jonchaient le sol, un peu d’herbe couchée, des branches s’arbustes cassées. Quelqu’un était venu, elle le savait. Elle jeta un regard tout autour d’elle, sans rien voir d’inhabituel. Elle vérifia que les perles se trouvaient toujours au même endroit. C’était le cas. Elle ressortit de son antre les sourcils froncés et l’esprit perplexe.
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Aux premiers cris de Leto, l'homme au large chapeau noir émergea instantanément de la sourde torpeur où cette longue attente l'avait plongé. Il reprit son guet et put voir la jeune femme déboucher sur le sentier et constater les traces de son passage puis vit entrer et ressortir de la cachette entre les rochers. Dans le ciel, Leto s'était tu.
Toujours tapi dans l'ombre, il scruta le visage de la voleuse, à l'affût du moindre détail de ses réactions. Il comprit qu'elle avait deviné son passage - il n'avait fait aucun effort pour éviter de laisser des traces - mais il lui semblait bien qu'elle n'avait pas encore découvert qu'elle avait à son tour été volée. Une nouvelle fois, le calme don telle faisait preuve dans de telles circonstances lui plut.
Il décida de l'observer encore un peu, pour sonder ses réactions, retardant ainsi la confrontation qu'il préparait pourtant depuis le matin...
Dernière modification par satrape (2006-03-22 15:08:13)
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Laurée ne s’énerva guère de l’événement qui aurait bien pu se passer en son absence : la forêt était calme et aucune bestiole ne s’agitait, signe normalement distinctif d’une présence humaine dans les bois. Aucun danger immédiat donc. Foncièrement pragmatique, Laurée décida d’examiner de plus près les traces pour tenter de déterminer le nombre d’intrus. Rien ne laissait présager que plus d’une âme ne se soit aventurée ici. Probablement pas quelqu’un qui lui en voulait à elle non plus, car les traces étaient trop visibles. La jeune femme aurait bien pu le suivre pour voir ou elles menaient, mais cela aurait été une perte de temps : les empreintes zigzaguaient comme si la personne qui les avait laissé ne savait pas ou elle allait.
Lasse, Laurée soupira longuement. Tout ceci ne la menait à rien. Elle leva les yeux au ciel, comme si les nuages ou le vent pouvaient mettre un terme à son litige. Ironiquement, la réponse à ses questions tomba du ciel. Un faucon, tout jeune, décrivait des cercles très sérés au même endroit. L’animal tenta ensuite d’atterrir. S’il avait voulu se poser avec toute la grâce majestueuses de ces volatiles, il venait d'échouer lamentablement! Le faucon se posa en effet derrière une talle de buissons dans un fracas sonore avant de remonter sur une branche de sapin non loin du sol. Laurée s’interrogea sur ce comportement peu banal, car elle savait pertinemment que les faucons préfèrent de loin se percher sur les hautes branches. La jeune femme saisit un cailloux qui traînait là et le lança en direction de l’animal. Le cailloux percuta une grosse branche, mais l’oisillon regarda le projectile atterrir non loin de lui sans plus s’en formaliser. Laurée eut alors la conviction profonde que quelqu’un se cachait à cet endroit précis et que le fauve lui appartenait. Sinon qu'est-ce qui expliquerait un tel comportement chez cet animal? La jeune femme ne voyait pas qui se cachait sous ce mur de feuilles, sa curiosité était piquée au vif. Elle resta là, campée sur ses deux jambes, un air sévère collé au visage et sans dire un mot, à attendre que l’intrus qui l’observait à son insu ne se montre ou ne se sauve.
Dernière modification par Laurée (2006-03-29 00:44:38)
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De sa cachette, Le vieil homme pouvait distinguer mieux que jamais auparavant les traits de la jeunes voleuse. il aurait préféré faire une entrée plus théatrale mais il devait se rendre à l'évidence, il était repéré. Il décida de ménager au mieux ses effets en donnant à la jeune femme une curieuse représentation. Celle-ci put bientôt voir les branchages remuer distinctement et entendre une voix qui pestait.
-Ha bravo Leto, cette fois tu as réussi, je suis sûr qu'elle nous à repéré maintenant ! Eh bien, qu'allons-nous faire maintenant ?
Tout en feignant la colère, et toujours caché derrière son buisson, l'homme avait sorti de sa poche le collier qu'il avait subtilisé et le présenta devant les serres du jeune volatile pour que celui-ci s'en saisisse. Puis tout en commençant à s'extirper de sa cachette, en faisant le plus de bruit possible pour attirer l'attention sur lui, il propulsa le faucon dans les airs.
Arrivé en pleine lumière, il épousseta ses vêtements et rajusta son chapeau.
- Bien le bonjour mademoiselle Laurée. On peut dire que vous savez vous faire attendre. Permettez-moi de me présenter, je suis Satrape, pour vous servir. Et ... excusez-moi....
il émit un sifflement suraigü
...Je tenais à vous faire ce modeste présent.
Alors qu'il terminait sa phrase, le faucon vint délicatement déposer le collier sur la tête de Laurée et celui-ci glissa autour du cou de la jeune femme.
Je vous présente Leto, mon jeune et néanmoins fidèle compagnon.
Accepteriez-vous de parler un peu de toute cette affaire de vol ? Je pense être en mesure de vous réveller des faits intéressants, mais je ne voudrais pas vous brusquer.
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Laurée n’eut pas à attendre bien longtemps avant que l’homme ne se montre. Néanmoins, elle aurait cru que ce dernier aurait préféré fuir sa présence. Peu de gens la supportaient et elle leur rendait la pareille. Néanmoins, le vieil homme, qui s’approchait dans un vacarme à faire fuir tout être vivant à un kilomètre à la ronde, souriait et ne paraissait pas le moindrement du monde effrayé. Laurée s’évada un instant dans ses songes et se rappela avoir observé à de nombreuses occasions les rivières qui lui renvoyaient son propre reflet de jeune fille bien frêle. Bien sûr qu’elle n’avait rien d’effrayant pour qui ne la connaissait pas! Q’espérait-elle donc?
La réalité la rattrapa lorsque l’homme, visiblement en colère contre le volatile qui les avaient démasqués, parla haut et fort en s’avançant vers elle. L’homme était sage. Il avait deviné la nature craintive de Laurée face à ses semblables. Il respectait une certaine distance avec la jeune voleuse. Aussi ne lui avait-il pas tendu la main comme il est coutume lorsqu’il s’était présenté. Et lorsque le collier de perles se glissa dans son cou, Laurée se dit avec stupéfaction que si l’homme avait voulu la surprendre avec son manège théâtral, il avait visiblement atteint son but. Ainsi donc cet énergumène venait-il de percer son secret. Ce magnifique collier de perle seyait parfaitement au cou de Laurée, mais ses vêtements poussiéreux et l’horrible médaillon rouillé avec sa pierre mal taillée ne lui rendaient pas justice. Laurée le retira et fit rouler les minuscules boules blanches entre ses doigts.
Il y avait dans les yeux de cet homme une infinie sagesse. Aussi, la jeune femme décida-t-elle qu’elle pouvait bien lui faire confiance. Elle s’adressa d’abord au jeune animal qui venait de se poser sur l’épaule de son propriétaire.
-Bonjour Leto.
Puis, elle parla d’une voix calme et posée avec regard pénétrant à l’intention du vieil homme qui lui proposait son aide. Un faible sourire se dessinait sur son visage.
-Je dois être bien malchanceuse pour que vous ayez réussi à découvrir ces perles aussi facilement dans toute cette étendue de nature… ou alors bien maladroite, il va sans dire!
Elle marqua une pause et réfléchit.
-Parlons donc de "toute cette affaire de vol", comme vous le dites.
Elle s’assied à terre et invita l’homme à en faire autant.
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Après cette longue attente dans une position inconfortable, ses articulations se rappellaient douloureusement à son souvenir. Tout en acceptant l'invitation de la jeune femme, Satrape se dit que ces péripéties n'étaient plus de son âge.
S'étant assis, il défit la bandoulière de sa besace et la posa entre ses jambes. Il en sortit un morceau de viande qu'il donna à Leto puis, y plongeant à nouveau sa main, il en retira une miche de pain et un morceau de saucisson enveloppés dans un grand torchon, ainsi qu'un couteau. Il étendit le torchon sur l'herbe en guise de nappe et, avec le couteau, partagea la nourriture en deux. Puis, entamant sa part, il dit, la bouche à moitié pleine :
- C'est un peu frugal, mais je n'avais pas prévu d'inviter quelqu'un en préparant mon repas ce matin.
Il se remit à manger en silence. arrivé à la moitié de sa ration, il s'arrêta de mastiquer et repris la parole.
- Avez-vous pris la peine de compter votre butin ?
Il ne fut pas surpis par la réponse négative de la jeune femme. Il poursuivit.
- Voyez-vous, dans cette affaire, tout est une histoire de quantités. Le menuisier que vous avez volé profite en général de son quasi-monopole pour vendre les colliers à cinquante exos la pièce. Or, il y a deux semaines, alors que je me délassais à l'auberge, mon beau-frère, qui est aussi un ami du menuisier en question, m'annonce que celui-ci venait d'accepter une commande de trente colliers à trente exos pièces, émanant de monsieur de Hautecour. Le client était exigeant : les colliers devaient être livrés sous deux semaines, faute de quoi la milice de de Hautecour rendrait une désagréable visite au menuisier. Celui-ci n'était visiblement pas fier de la situation dans laquelle il s'était mise et, par peur de perdre la face devant ses clients habituels, il avait tout fait pour que l'affaire ne s'ébruitât pas. Seulement, il était évident que le délai était trop court, et aujourd'hui, ce ne sont pas trente, mais vingt colliers que vous avez dérobés. Si bien qu'ironiquement, ce vol est une aubaine caril aura eu le mérite de déplacer les foudres de de Hautecour de sa tête vers la votre.
Maintenant, deux questions restent en suspens, je ne sais pas si vous pourrez répondre à la première, et j'ignore si vou voudrez répondre à la seconde. Tout d'abord, pourquoi diable ce rustre a-t-il besoin d'autant de colliers de perles, et ensuite, pourquoi vous deteste-t-il autant ?
Attendant la réponse de la jeune fille, il se remit à manger.
Dernière modification par satrape (2006-04-03 13:04:55)
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Cachée sous la cascade, Arielle, écoute la conversation depuis déjà pas mal de temps... elle n'est guère curieuse en général, mais lorsqu'elle a entendu parler des colliers de perles commandés par ce vilain Hautecourt...un énorme noeud d'angoisse lui a noué l'estomac.....
Elle sait , elle fille de la mer, ce qu'un humain peut vouloir faire d'un si grand nombre de colliers....c'est la seule chose à laquelle ne peut résister son peuple, les siréniens..De là à penser que le mécréant veut s'emparer des sirènes pour obtenir leurs pouvoirs magiques, il n'y a qu'un pas..vite franchi.
Elle pourrait demander l'aide de la jeune femme, Laurée et de ce viel homme ....Satrape!! mais Arielle a très peur de ceux qui marchent sur la terre...Ils sont souvent cupides et méchants....
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Celebrian se tenait tout près de Laurée et de l'homme qui était avec elle. D'après ce qu'elle avait entendu dire, il disait s'appeler Satrape.
Celebrian aperçut soudain quelque chose qui devait ressembler à un poisson : ça tombait bien elle commençait à avoir faim. Elle se dirigea donc vers la cascade, en silence, et elle fut surprise de ce qu'elle vit : une sirène !
Ne crains rien, lui dit elle à voix basse, je ne te ferai aucun mal.
Celebrian, qui avait l'ouïe très développée, dit à la sirène de se cacher dans l'eau, car Laurée avait tourné la tête. Celebrian avait sauté furtivement, sans bruit et à la vitesse de la lumière derrière la cascade. Tiens ! Il y avait une grotte !
Celebrian se pencha alors, et sa tête fut dans l'eau. Elle regarda légèrement autour d'elle, et cherchait la sirène des yeux. Elle entra alors dans l'eau, après avoir respiré, et retint sa respiration, et espérait retrouver la sirène. Elle fut étonnée de ne plus la voir. Elle vit soudain que plusieurs personnes se dirigeaint vers elle. Elle dut rester dans l'eau longtemps... Longtemps... Très Longtemps....
Elle finit par se noyer. Son corps git au fond, tout au fond de la rivière. Comme elle aurait aimé retrouver la sirène !
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En voyant l’homme déballer ainsi son repas, Laurée pris conscience qu’elle était affamée, puisqu’elle n’avait pratiquement rien avalé depuis la veille. Les événements de la matinée lui avaient fait oublié sa faim. Le maigre repas que lui tendait le vieil homme représentant donc pour elle un repas gastronomique digne de ce nom et c’est avec un plaisir évident qu’elle mordit dans le bout de pain dont elle venait avidement de s’emparer. Devant les explications de Satrape, Laurée resta pantoise. Et lorsque celui-ci lui posa ses questions, sa réponse se fit attendre l’espace d’un instant. La jeune femme réfléchit un moment tout en avalant sa dernière bouchée et elle ne dit mot que lorsqu’elle eut terminé d’enlever consciencieusement toutes les graines de pains qu’elle avait fait tombé sur son long manteau en mangeant.
-Et bien! Heureusement pour ce menuisier que le sort en soit tourné ainsi, je n’avais aucune intention de lui rendre ces perles, non pas que j’en ait particulièrement besoin moi-même.
Son regard se porta alors sur l’oiseau jeune, mais intelligent qui s’impatientait.
-J’ai moi aussi eu pendant un certain temps un compagnon pour égayer ma route. Un étalon, magnifique qu’il était.
Laurée jaugea les réactions de l’homme. Celui-ci était d’un calme plat.
-J’ai dû le mettre à mort moi-même, ajouta-t-elle d'un ton neutre.
Cet aveu n’avait rien pour éclairer le vieil homme. Pourtant, il ne bougeait pas et écoutait. Sa patience semblait bien sans limite.
-Voyez-vous, ce Hautecour prend un malin plaisir à jouer avec les sentiments des gens. Il a fait casser les deux jambes de l’animal en le laissant là, agonisant, sachant que j’allait croiser sa route tôt ou tard.
Elle fit une pause pendait laquelle des souvenirs mauvais vinrent obscurcir ses yeux déjà foncés. Machinalement, sa main chercha le contact sécurisant de l’amulette qui entourait son cou.
-Ce que je veux dire par-là, c’est que je ne peux vous éclairer sur votre première interrogation et n’aie aucunement envi de répondre à la seconde. Sachez seulement que sa haine envers moi est au moins aussi grande que la mienne envers lui. Le récit de l’étalon en est un parmi bien d’autres, pires encore. Disons simplement que je m’applique à lui rendre la vie aussi pénible que possible et qu’il me le rend bien. Ayez à l’esprit que nous parlons là d’un homme foncièrement exécrable. Alors je n’ai nul doute que cette commande est destinée à un bien mauvais dessein, seulement j’ignore lequel et je ne vois pas encore la raison qui me pousserait à m’y intéresser d’avantage.
Laurée se doutait bien que l’homme ne se satisferait pas de cette réponse oisive. Mais elle restait sur ses gardes et se refusait à plus de confidences pour le moment.
-À moi maintenant de vous poser certaines questions. Est-ce tout à fait par hasard que vous avez trouvé cet endroit ou parce qu’un dessein particulier vous y poussait? Et de quel intérêt teniez-vous à me communiquer ces informations ?
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En écoutant la jeune femme, Satrape avait terminé son repas. Avant de répondre, il replia soigneusement sa nappe improvisée et la remisa dans sa besace. Puis, d'une poche de son manteau, il tira une longue pipe de bruyère, et d'une autre, une blague à tabac et une boîte d'alumettes. Enfin, l'ayant bourrée puis allumée, il prit la parole :
- En vérité, j'ai trouvé votre cachette par hasard, en l'ayant chechée toute la matinée. Depuis hier soir, où j'ai eu vent de cette affaire de vol à l'auberge, j'ai eu le loisir de cerner quelques caractères de votre personnalité. Je vais vous montrer les faits de mon point de vue, vous verrez que tout est très clair. D'abord, un vol très habile est commis en plein jour, au beau milieu de la place du marché. Notons au passage que la victime en est inderectement de Hautecourt. Ensuite, le soir même, une jeune femme, qui deux heures auparavant était inconnue de toute la ville, mais que des affiches placardées partout ont rendue célèbre, entre comme si de rien n'était dans l'auberge et s'y offre le gîte et le couvert. Notons aussi que le commanditaire de ces affiches n'est autre que de Hautecourt.
Dès lors, de deux choses l'une : ou bien les deux évènements n'ont aucun rapport, et tout cela n'est qu'un amas de coïncidences, ou bien la jeune fille en question est aussi la voleuse de perles et alors, elle a pris soin de cacher soigneusement son butin avant de revenir en ville.
Sur son épaule, le faucon s'agitait, incommodé par l'épaisse fumée qui sotait du fourneau de sa pipe. Le vieil homme approcha son autre main de son épaule pour que l'oiseau s'y perchât, puis, tendant son bras vers le ciel dans un geste ample et rapide, il lui fit prendre son envol.
- Les évènements se sont un peu bousculés ce matin avec la confrontation que vous eutes avec votre ennemi, mais les choses ont finalement tourné en ma faveur. Voyant que vous aviez rallié une partie de la foule à votre cause, j'ai saisi ma chance de retrouver votre cachette avant que vous n'y revinssiez. J'ai demandé dans quelle direction vous alliez à la femme qui vous avait dénoncée et je me suis mis à la recherche de cet endroit. J'ai été à deux doigts de passer à côté sans voir la faille entre les rochers, mais mon fidèle rapace s'était pris dans les branchages de cet arbre. Il m'a fallu grimper et c'est d'en haut que j'ai découvert votre secret.
Quant aux raisons qui m'ont poussé à faire celà, elle sont simples. Depuis que j'ai connaissance de cette indécente commande de colliers, la question de leur destination me tarraude. Voyant que vous aviez déja eu à faire à de Hautecourt, je pensais que vous pourriez m'aider à percer ce mystère. En outre, je dois vous avouer que j'ai admiré votre courage hier soir à l'auberge ainsi que ce matin. Et puis, vous savez, à mon âge on recherche encore, peut-être par nostalgie, le goût de l'aventure ..
Dernière modification par satrape (2006-04-06 01:22:37)
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L’homme avait parlé franchement et sincèrement, Laurée le sentait. Aussi, la dernière phrase de l’homme avait décroché une grimace sur le visage de la jeune femme qui se voulait être un rire franc. Il y avait tellement longtemps qu’elle n’avait pas souri pour le simple plaisir de la chose que les muscles de son visage semblaient incapables de refaire à nouveau une telle mimique.
-Il n’y a pas d’âge pour éprouver le goût de l’aventure, en effet.
Laurée regarda plus longuement le vieil homme qui fumait sa pipe avec un plaisir évident en silence. Une fois encore, son regard se fit bien lointain, perdu dans de mystérieux souvenirs. Contre toute attente, la jeune femme les livra à voix haute.
-Vous ne seriez imaginer à quel point vous me faites penser à ce vieil homme des montagnes qui m’a élevé. Oh, bien sûr, vous êtes différent à bien des égards. Il ne fumait pas la pipe et parlait beaucoup moins que vous. Mais je vois en vous la même assurance tranquille et ce regard plein de cette sagesse.
Laurée s’adossa à un tronc d’arbre et contempla en silence les sous-bois grouillants de vie. Le jeune faucon passait de temps à autres au-dessus de leur tête.
-Vous avez été bien franc avec moi, monsieur Satrape. Aussi, vous m’avez posé une question à laquelle j’ai refusé assez abruptement de répondre plus tôt. Vous m’aviez demandé pour quelle raison cet homme me détestait autant… Voyez vous, le litige remonte au temps de mes quatre ans, alors que je vivais dans une colonie du nord encore très peu peuplée. Alkabir, cela ne vous dit sans doute rien.
L’homme hocha la tête en signe de négation, comme elle s’y attendait.
-N’en soyez pas surpris, elle a été détruite. Toute cette affaire avait été commanditée par Albert de Hautecour, qui, à ce que j’ai pu comprendre, croyait faire du profit avec toute cette aventure. Mais il se trouve que nous arrivions à peine à subsister nous-même. Aussi, décida-t-il qu’il en avait assez de toute cette entreprise. Les bâtiments furent brûlés et les habitants tués sur le champ, pour éviter toute représailles à ce Hautecour. Je dois ma survie uniquement au fait que je me cachais dans un fût en chêne rempli d’eau qui m’a protégé des flammes et des arbalètes et ce fut la fumée qui eut raison de moi. J’eut seulement le temps d’assister à la mise à mort de mon propre père avant de perdre connaissance. Le vieil homme dont je viens de vous faire mention m’a trouvé à moitié morte près de ma maison, alerté qu’il avait été par les fumées épaisses. Il m’a appris à me débrouiller seule pour survivre et est mort à mon onzième printemps. Ce n’est que plusieurs années après que j’ai découvert que ma mère et deux de mes frères avaient échappés au carnage. Hautecour avait pris ma mère pour femme. Je sus plus tard qu’un combat avec un ours sauvage avait eu une issue comique : Albert de Hautecour ne pouvais plus procréer. Alors forcément, en prenant femme il prenait également enfants! J’avais 17 ans lorsque j’ai tenté d’aller les secourir. J’avais calculé avec grand soin mon entreprise et étudié les habitudes de ses gardes pendant plusieurs semaines. Toute seule, j’ai appris à me fondre discrètement n’importe ou et à suivre même les meilleurs de ses pisteurs sans me faire remarquer. Mais le jour fatidique ou j’ai enfin pu revoir le visage de ma mère, elle m’a reniée, complètement et sans hésitation. « Vas-t’en, tu n’es plus mon enfant ». Ces mots, je les entends encore parfois dans mon sommeil. Encore est-il que je voyais tout ce beau monde s’épanouir pendant que moi, j’étais seule. Je me suis mise à haïr non seulement cet homme, mais toute sa nouvelle famille également. Comment peut-on haïr sa propre famille au point de souhaiter sa mort? Pire, de souhaiter les mettre à mort de ses propres mains?
Laurée arrêta là son récit. Elle prit une pause avant de dire les mots qu’elle avait mûrement réfléchi avant de prononcer.
-Vous aviez dit plus tôt avoir admiré mon courage. Je ne pense pas être courageuse. Je suis d’une lâcheté qui me fait honte à moi-même. J’essai simplement de survivre.
Elle chassa rapidement l’expression sombre sur son visage et parla sur un ton presque enjoué.
-Toujours est-il que j’ai parfois, moi aussi, le goût de l’aventure. Je peux bien vous aider à percer le mystère des colliers.
Laurée avait parlé avec désinvolture, comme si, en fait, elle faisait une faveur à l’homme. Mais son regard pétillant trahissait sa hâte de remettre à Hautecour une nouvelle fois des bâtons dans les roues. Ah, comme elle éprouvait une vive satisfaction à le voir se démener comme un diable dans l’eau bénite à chaque fois!
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